Son nom revient avec insistance tout en haut des classements depuis le début de l’automne. 10 km d’Oderfang à Saint-Avold, Corrida de Schœneck, 10 km de Rosbruck et enfin de Freyming-Merlebach, dimanche dernier : à chaque fois, Abdellah Benlmouden a franchi la ligne d’arrivée en premier. On peut encore ajouter à ce palmarès la 3e place aux 10 km Sarreguemines, et on comprendra que le début de saison de l’athlète de 19 ans est des plus réussis.

Licencié depuis deux ans seulement

Le jeune homme a encore d’autres objectifs, bien plus élevés : le cross scolaire UNSS de l’académie Nancy-Metz à Longwy le 9 décembre, les championnats de Moselle puis de Lorraine de cross les 17 et 31 janvier, pré-France de cross le 14 février. Dans sa ligne de mire : une participation aux championnats de France le 6 mars, au Mans. Autant dire que l’hiver d’Abdellah s’annonce chargé. Car à ces épreuves, il faut bien évidemment ajouter la préparation : six entraînements par semaine, seul ou avec son club de l’US Forbach.

Abdellah y est licencié depuis deux ans seulement. Avant, il ne pratiquait pas du tout l’athlétisme. Le déclic, il l’a eu au lycée Condorcet. « J’ai gagné le cross en novembre 2013, quand j’étais en Seconde. Quelques jours plus tard, je suis passé au stade du Schlossberg, juste comme ça, pour voir… » Hélène Schaff, éducatrice au club, l’accueille et l’oriente vers Dominique Kremer, entraîneur du demi-fond. « Il m’a donné rendez-vous un jeudi, avec son groupe. On a d’abord fait un échauffement de 30 minutes, j’étais impressionné par le rythme. » Abdellah s’accroche, et l’entraîneur détecte vite en lui des qualités.

« Je ne savais pas comment courir »

En janvier 2014, il participe déjà à sa première compétition : les championnats de Moselle de cross. « Je ne savais pas du tout comment courir , se souvient-il avec le sourire. Je suis parti à fond, comme pour un 800 m. J’ai craqué vers la fin et j’ai terminé vice-champion de Moselle. » Deux mois plus tard, il participe à ses premiers championnats de France. Un mauvais souvenir. « J’ai perdu mes pointes juste après le départ… »

Si une nouvelle participation aux "France" est son objectif sportif, Abdellah a un autre but, bien plus important, en juin : le bac. Il est élève en Terminale professionnelle "systèmes électroniques et numériques", à Schœneck. Il espère continuer en BTS par la suite.

Le Maroc, l’Italie et la France

Là aussi, ce serait une belle réussite pour le garçon, arrivé en France il y a seulement trois ans et demi, sans connaître un seul mot de notre langue. « Je suis né à Rabat, au Maroc, en 1996. Quand j’avais trois mois, ma famille s’est installée en Italie, dans la région de Venise. J’ai grandi là-bas, j’allais à l’école et je faisais du foot. Puis on est venus à Forbach, au Wiesberg. C’était un peu galère au début », explique-il. Il passe un an dans une classe spéciale du collège Robert-Schuman, et apprend le français. Aujourd’hui, il le maîtrise parfaitement. Et s’il affiche encore une certaine timidité, Abdellah a trouvé un autre moyen d’expression : courir, avec le sourire.